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Stephano Tsivopoulos, History Zero (extrait), 2013 © Kalfayan Galleries |
BACK TO THE CULTURE a retrouvé l’électricité et l'internet par la même occasion.
L'autre jour (sans internet, avec ma radio), je tombe sur un interview de Yannis Youlountas, réalisateur du documentaire « Ne vivons plus comme
des esclaves » sur la résistance aux politiques d’austérité en Grèce dont voici le pitch:
"Venu des catacombes grecques de l’Europe, un murmure traverse le
continent dévasté : « Ne vivons plus comme des esclaves » (prononcer
« Na mi zisoumé san douli » en grec). Sur les murs des villes et sur les
rochers des campagnes, sur les panneaux publicitaires vides ou
détournés, dans les journaux alternatifs et sur les radios rebelles,
dans les lieux d’occupation et d’autogestion qui se multiplient, tel est
le slogan que la résistance grecque diffuse, jour après jour, et nous
invite à reprendre en chœur sur les mélodies de ce film à ses côtés. "
Le slogan (inspiré de la pièce de Genet, Les Bonnes) est le fil conducteur du film. Plutôt prenant (malgré quelques redondances), le documentaire laisse libre cours aux réflexions et initiatives qui ont vu le jour en Grèce depuis la crise. Un des aspects frappant, c'est le fait qu'il ne s'agit pas des classes "laborieuses". Il n'est plus question de "classe" en réalité. Devant la caméras, les ingénieurs, avocats, pédiatres, chimistes défilent et font part de leurs actions. Ce qui revient, se sont les questions sur la gratuité, l'engagement, la liberté bien sûr et l'alternative. Pourquoi la figure de l'esclave? Parce que c'est celui qui croit précisément qu'il n'y a pas d'alternative possible.
Comment faire autrement (on entend sans argent)? Quelles sont les nouvelles formes possibles d'échange ? Pourquoi la résistance passe t'elle forcément par la connaissance?
Invité à la dernière Biennale de Venise, l'artiste Stephanos Tsivopoulos énumère
sobrement sur le panneau d'entrée du pavillon de la Grèce toutes les
astuces qui nous permettraient de sortir du système financier dans lequel nous vivons, les monnaies alternatives, comme par
exemple le sol, le bit coin, le cowrie shell money, le trade token. .
Le projet artistique de Stefanos Tsivopoulos pour la biennale s'intitule History Zero.
Il s’agit d’un film en trois parties sur le rôle de l’argent dans la
formation des relations humaines.
Chaque partie a son "héros" : l’un d’eux est une femme âgée, propriétaire
d’une riche collection d'art contemporain qui s’ennuie. Son
unique et choquante façon de rompre sa solitude est de
fabriquer des fleurs à l’aide de billets de 100, 200 et 500 euros. On
retrouve ses créations dans les poubelles, où un immigré africain collectant le métal les ramasse en errant dans Athènes avec un chariot
rempli d’un tas de bric-à-brac. Ravi de sa découverte, il abandonne son
chariot, auquel va s’intéresser un artiste contemporain allemand qui passe ses journées à
observer des scènes de la vie de la rue et capture ce qu’il voit sur une
tablette.
Stephanos Tsivopoulos indique dans un interview que ce qui lie ces trois personnages, ce n'est pas l'argent mais la notion de valeur. Ce qui a de la valeur pour l'un n'en a pas pour l'autre.
"Athènes ne ressemble plus à une ville d'Europe" dit une enseignante de Chimie bénévole dans un centre médical dans le documentaire de Yannis Youlountas. Le paysage a changé, physiquement et bien sûr, socialement.
La résistance grecque comme les artistes ont la capacité, la nécessité
d'envisager l'utopie. de lui donner des formes concrètes (des lieux, des
espaces, des initiatives) et des formes plus poétiques, allégoriques.
L'artiste dans la résistance est celui qui s'en échappe, celui qui
critique, souligne, mais jamais de façon frontale. Cette capacité à prendre de la distance, à se détacher du sujet est d'ailleurs ce qui m'a manqué dans le documentaire.
Vue de l'exposition HELL AS PAVILION, Palais de Tokyo © Photo : Aurélien Mole |
Sur le sujet donc, Le Palais de Tokyo l'année dernière a organisé l’exposition «Hell as Pavilion». L’exposition questionne « l’être contemporain »
dans une culture en crise. Pensée comme une étrange fresque et rassemblant des artistes grecs de plusieurs générations, elle nous exhorte à lire « l’histoire de manière
inattendue », afin d’imaginer de nouveaux réseaux, subalternes et
mobiles.
--> Ici, le site dédié au documentaire de Yannis Youlountas
--> Là, le lien vers le groupe d'innovation monétaire par I4P (Imagination4people)
--> Ici, DOC4LIFE, une agence de presse grecque indépendante et autogérée
--> Là, le site de l'artiste Stephanos Tsivopoulos
--> Et là, des infos sur "HELL AS PAVILION" et là un blog qui détaille les œuvres présentées.
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