lundi 12 mai 2014

Billet d’humeur // QUE VAIS-JE FAIRE DE TOUTE CETTE LIBERTE ?

 
Afsin Ghaffarrian (DR)
 
Les femmes de plus en plus impliquées dans la vie politique iranienne – Credits: Reuters
 
 
La question n’est pas de moi ,mais d’un danseur et chorégraphe iranien, AFSIN GHAFFARIAN.
Elle fait écho à une question posée ici : "que sommes nous censés encaisser au nom du divertissement ? ".
Et à ce clip, réalisé par quatre iraniens, qui, eux aussi, comme des milliers d’autres personnes, ont voulu faire leur version d’HAPPY de Pharell Williams.
Leur vidéo m’a donné des frissons, leur courage surtout. En Iran, certains « divertissements » sont tout simplement interdits:  "en République islamique d'Iran, il est tout simplement interdit d’écouter une telle musique, encore plus de danser dessus en public, sous peine de se voir infliger une salve de coups de fouet" (source ).
 
 
 
Quand est-ce que le divertissement (un clip, une chanson, une série) devient un acte politique ? Artistique ? Où se trouve la frontière ?
Je me suis rendue compte, que parfois, j’oublie. J'oublie le risque.
J’oublie qu’ailleurs, la femme, le corps, la sexualité, le plaisir, et les artistes qui l’expriment sont purement et simplement interdits. Sans discussion possible, pas d’alternative, aucune. Ils risquent la mort ou l'exil. Tout simplement.
 
Je me divertis et j’oublie. Pas beaucoup hein, mais juste un petit peu.
Donc, les artistes sont là, pour me rappeler, me déranger, m’interroger.
C’est vrai que souvent l’art contemporain déplaît.
Il ne divertit pas.
Il questionne et se pose J U S T E  L A, à cet instant précis dans ta vie, ton histoire, ton ressenti, ta culture.
Et toi qui es-tu ? Que ressens-tu ? Que vis-tu aujourd’hui ? Que vas-tu faire de demain ?
Que vas-tu faire de toute cette liberté, justement?
 
 
En faisant des recherches pour ce billet, je suis tombée sur ce danseur, dont les mots et le parcours font écho, bien évidemment.
** AFSIN GHAFFARIAN **
« En Iran, le corps est un péché. Il touche, il jouit, il danse : tout ce qui est défendu ! Danser est interdit ; danser quand même est une protestation ».
Afshin Ghaffarian est danseur. Il a dû fuir son pays, l’Iran, pour pouvoir s’exprimer et protester librement à travers son art. Réfugié en France depuis octobre 2009, il travaille aujourd’hui au Centre national de la danse, à Pantin. Il a 21 ans quand, passionnés de danse contemporaine, lui et quelques amis créent une troupe clandestine underground à Téhéran. A l’abri des regards. Car en Iran, cette danse est interdite depuis la Révolution islamique. En juin 2009, après avoir été capturé, emprisonné puis maltraité par la police pro-gouvernementale iranienne pour s’être opposé au régime, il est finalement relâché. Et quitte l’Iran pour l’Allemagne, puis la France.
 
--> , sa compagnie de danse
--> ici, un très bel interview
--> et là, le podcast de l'émission "Venus d'ailleurs" de France Inter
 Petit rappel de la condition de la femme en Iran, (selon les organisations de défense des droits de l’homme), les femmes sont encore victimes de nombreuses discriminations dans la loi et dans la pratique:notamment en matière de mariage, de divorce et d’héritage. Une femme ne peut quitter le pays seule sans la permission écrite d’un membre masculin de sa famille et, selon la loi islamique en vigueur dans le pays, le témoignage d’une femme devant un tribunal équivaut à la moitié de celui d’un homme.
 
 
 
 
 
 

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